Le Pan Cinor est créé par Mr Roger CUVILLIER, ingénieur dijonnais
La création du Pan Cinor
Au cours de ses études à l’Ecole Centrale de Paris, Roger Cuvillier proposa des idées à la société Som Berthiot qui était le premier constructeur français d’optique instrumentale. Cette société avait acquis en 1934 la société Hermagis de Dijon qui produisait des objectifs pour la photo et le cinéma.
Il s’intéressa à une combinaison optique à grossissement variable qui pourrait remplacer les 3 objectifs équipant la tourelle : la focale moyenne, le grand angulaire et le téléobjectif. Mais comment réaliser la mise au point et l’éclairement de l’image pendant la variation de grossissement ?
Le dispositif combina une lentille convergente et une lentille divergente espacées de leurs distances focales puis ce fut l’association de deux groupes successifs donc 4 lentilles dont les 2 convergentes sont mobiles et coulissent dans deux tubes l’un dans l’autre.
Les distances focales sont déterminées pour obtenir un grossissement de 0,7 à 2,8. Cet ensemble est fixé à l’avant d’un objectif de 25 mm d’une caméra 16mm. Des aberrations furent corrigées et de nouveaux prototypes fabriqués. Un film fut tourné en 1949 et présenté au Cinéclub parisien.
Le Zoom était né en novembre 1948 sous le nom de PAN CINOR qui pouvait remplacer tous les modèles CINOR de la gamme des objectifs à focale fixe.
Le brevet fut déposé le 28 janvier 1949 sous le numéro 983.125.
Puis Roger Cuvillier réalisa un viseur associé à une caméra à visée réflex : ce viseur suit le grossissement fourni par l’objectif. Le viseur est composé de 3 lentilles dont la lentille frontale est la seule mobile soit :
Le PAN CINOR F : 20 à 60mm.
Le film de démonstration pris avec une caméra Paillard fut présenté au 20ème Salon de la Photo et du Cinéma de mars 1950, puis au 1er Congrès International des Techniques du Cinéma à Turin en octobre 1950. L’exploitation industrielle et commerciale ciblait les principaux constructeurs de caméras dont Paillard (Suisse).
L’usine dijonnaise
L’usine de Dijon était située rue Nicolas Berthot et employait une centaine d’ouvriers qualifiés. Roger Cuvillier en prit la direction à 28 ans pour une aventure industrielle passionnante tout en organisant la production pour réaliser tous les composants de cette optique.
En 1962, 4 000 modèles F : 8 à 40 furent produit par mois comprenant 16 lentilles pour l’objectif et 10 pour la visée réflex (soit 100 000 par mois) ce qui a nécessité recrutement, formation du personnel et création de sections d’apprentissage.
Puis la nouvelle caméra super 8 inclura d’office le zoom, la visée réflex, commandée par la cellule photoélectrique. Cette révolution consacra le remplacement de la tourelle par l’objectif à focale variable.
Les techniques de fabrication ont évolué pour répondre aux exigences de qualité des lentilles :
Régularité des courbures des lentilles au dixième de micron
Modification des machines pour polir les surfaces de verre (vitesse de rotation et pression proches de celles des lunetiers)
Abrasif en suspension dans l’eau est remplacé par un outil à concrétion diamantée qui garde mieux la forme.
La concurrence française et japonaise
En 1958, la firme française Angenieux produisit une combinaison optique sous l’appellation « zoom » comportant plusieurs éléments mobiles recevant des déplacements différents :
Le zoom est à compensation mécanique quand le système Pan Cinor est à compensation optique ;
Le zoom atteint des rapports 8 à 10 fois, supérieurs au Pan Cinor (environ 5).
Les japonais apparurent sur le marché du zoom dans les années 60 avec de nouvelles caméras super 8 et se sont imposés avec les premiers camescopes dans les années 70. Les constructeurs européens ont disparu et les producteurs d’optique ont du se réorganiser.
Les regroupements de fabricants d’optique français
Les deux principaux constructeurs français d’optique instrumentale fusionnèrent : SOM et OPL en 1964 sous le nom de SOPELEM qui absorba Nachet fabricant de microscopes. La Société comprend 5 établissements.
Les travaux d’optique réalisés dans 3 usines furent regroupés à Dijon ainsi que la fabrication de matériels militaires (chars AMX). L’effectif dijonnais diminua de 200 personnes et le personnel moins qualifié fut reclassé dans d’autres entreprises s’installant à Dijon.